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En maraîchage, il en va de la pérennité de la filière de recyclage. Sensibiliser à la propreté des plastiques usagés

Victime de son succès, la filière de collecte et de recyclage des films agricoles usagés (FAU) dans le maraîchage se doit de réduire les taux de souillure des plastiques livrés. Les distributeurs sont en première ligne pour diffuser les bonnes pratiques. Dossier sensible.

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Il est déjà derrière nous le temps où coopératives et négoces se mettaient à organiser la collecte de leurs films agricoles usagés (FAU). C'était en 2009 et la filière de récupération et de valorisation des FAU venait d'être lancée. Le succès a été au rendez-vous avec un taux de collecte aujourd'hui de 70 %, voire de 90 % pour les films de maraîchage les plus souillés. Mais les coûts pour ces films-là sont très élevés, au-delà du montant de l'écocontribution. Certes, Adivalor continue à élargir son réseau en ciblant avant tout les départements où les taux de collecte sont inférieurs à 50 %. Mais la priorité aujourd'hui est économique et il s'agit d'accompagner à la diminution du taux de souillure, c'est-à-dire du poids des contaminants (eau, terre, sable, végétaux...) rapporté au poids total livré. Pour les distributeurs, c'est un dossier sensible et compliqué, car ils sont pris en étau entre Adivalor qui demande aux recycleurs de durcir leurs conditions de reprise et des agriculteurs qui ne comprennent pas, ou ne veulent pas comprendre, qu'ils aient à payer pour se débarrasser de leurs plastiques et qu'ils ont même des pénalités si ces derniers sont trop sales. Alors qu'il n'y a pas beaucoup de filière dans l'industrie où tout est organisé pour le recyclage des déchets...

Diffuser les prescriptions techniques minimales

Sur le sujet, les TC sont en première ligne pour diffuser les bonnes pratiques et évaluer la qualité des films usagés livrés. « Lorsque les films sont très sales et qu'il y aura probablement des pénalités, les techniciens ont intérêt à le dire d'emblée aux agriculteurs, conseille Annick Taulet, chez Arterris. On les incite à être stricts quitte à ce que les producteurs aient une bonne surprise au final. Et en amont, on leur demande de répéter les messages de sensibilisation », notamment la diffusion des bonnes pratiques à la pose et à la dépose des plastiques. « C'est primordial d'y réfléchir dès la pose, insiste Franck Cogneau, ingénieur conception chez Invenio, le centre de recherche et d'expérimentation de la filière fruits et légumes d'Aquitaine. Cela signifie une bonne préparation du sol et un bon réglage des machines. »

A la dépose, il s'agit de diffuser les prescriptions techniques minimales (PTM), c'est-à-dire les taux de souillure maximum acceptés par catégorie de film (de 20 % pour les serres et grands tunnels à 60 % pour les films de paillage). D'autant qu'Adivalor facture des frais complémentaires de nettoyage pour des films qui ont des taux de souillure supérieurs aux limites définies par les PTM. Ce sujet concerne principalement les films très souillés issus des cultures maraîchères (paillage, semi-forçage, solarisation...). Les principaux conseils pour éviter ces pénalités ? Limiter au maximum la présence de déchets organiques, déposer les films de préférence par temps sec, pour éviter que le sable ou la terre collent au plastique, et conditionner séparément les différents types de plastique. Ce qui n'empêche pas d'ailleurs des mélanges au niveau des bennes dans les dépôts, ce pourquoi certains distributeurs, comme Arterris, n'ont pas opté pour ce système. Chez Terres du Sud, Jean-Luc Valleix, animateur de la filière maraîchage, relativise : « Il arrive que quelques bennes, parce que les plastiques apportés ont été mélangés et sont donc indésirables, partent aux enfouissements techniques, mais cela reste peu fréquent. »

Vulgariser les nouvelles machines de dépose

Au niveau de l'évolution technologique, un prototype de dépose des films au champ sur une culture de carottes a été développé par Invenio, dans le cadre du projet Rafu, qui se termine cette année. Des machines de présérie sont en cours de fabrication. Mais il faudra passer de la présérie à la commercialisation pour aider une majorité d'agriculteurs à basculer d'une technique à l'autre. Un équipementier et un fabricant de matériel se sont déjà manifestés. L'objectif est de transmettre les innovations du projet Rafu auprès des producteurs de carottes dès 2016, puis de melons, d'échalotes et de salades. Le CPA est persuadé que cette nouvelle technique de dépose des plastiques fera bouger les lignes, même si le transfert de technologie risque de prendre quelques bonnes années. D'où l'appel lancé par Pierre de Lépinau, directeur d'Adivalor : « Il faut des acteurs au niveau du terrain pour reprendre ces innovations. »

Renaud Fourreaux

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